Shadow

Bulloises, Bullois,

Gruériennes, Gruériens et amis de partout,

Chers « toutes », chers « tous », chers enfants,

 

Avec le retour de décembre, Saint Nicolas apparaît pour la 57ème année consécutive dans cette bonne Ville de Bulle. Que de souvenirs d’enfance, du temps passé ! C’est un permanent miracle dont chacun peut vérifier tous les ans la douce et mystérieuse réalité.

Mais, elle ne peut pas nous faire oublier une cruelle réalité, observée depuis les lucarnes paradisiaques : il y a des populations qui souffrent et qui n’ont plus rien à perdre. On assiste à des scènes insoutenables d’horreurs et d’humiliation de l’homme avec une recrudescence du terrorisme et des attentats intolérables alors que des bruits de bottes se font entendre du côté de l’Ouest. Le fossé Nord-Sud se creuse toujours plus ; les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Saint Nicolas appelle partout à la solidarité, à l’aide aux plus démunis, à la paix!

Pourtant cette année 2002 était annoncée comme l’odyssée de l’espoir. Des tas de cadeaux, mais…

Tout a commencé avec l’euro qui a été baptisé dans les bulles…de champagnes. En même temps, il a débarqué en Suisse. Aucun incident majeur n’a perturbé l’introduction physique de la monnaie, même si la quête en euro a inquiété l’Eglise par rapport à la valeur des pièces, s’entend. «L’euro..phorie», quoi !

C’est dans l’euphorie que peuple et cantons ont enfin marié la Suisse à l’ONU. « Ouf, enfin ! », a-t-on entendu au paradis ! Et avec honneur et panache, puisque la Suisse devient le premier pays du 3ème millénaire à l’ONU. La Suisse prouve ainsi son ouverture au monde.

Mais attention, soyez vigilants, la Suisse de l’ouverture et la Suisse des bastions continuent à se défier. Récemment, l’initiative antiréfugiés n’a échoué que de peu. La Suisse a sauvé d’un souffle sa politique de l’asile. Alors que l’on passe d’une crise à l’autre, les Suisses, qui contemplent avec effroi la déliquescence de leurs élites –personnalités politiques ou fleurons économiques –, ne cessent de perdre confiance dans leurs autorités et dans la situation économique. Travail, santé, retraite : les soucis majeurs du pays n’ont plus rien de sentimental ! Vous vous êtes malgré tout montrés clairvoyants, généreux et ouverts vous les Suisses-romands !

Clairvoyance, générosité et ouverture, ce sont des mots qui résonnent bien avec «Persévérance» qui n’est pas par hasard donc le nom de la troupe des Scouts Bullois qui a soufflé ses huitante bougies cette année. Journée portes ouverte et messe d’anniversaire, soirée de retrouvailles entre totems : tous les ingrédients étaient réunis et la fête fut belle. Une réussite malgré la bise !

Autre fête qui a fait couler beaucoup d’encre et…d’argent, c’est Expo.02. Ce printemps l’exposition nationale «Imagi…Nation» est entrée de plain-pied dans la réalité. Sur le thème de l’éphémère au lieu du mythe, beaucoup se sont demandés où était la Suisse, là, au milieu. Grandiose, poignant, techniquement impressionnant, hétéroclite et parfois difficile d’accès, du spectacle d’ouverture à la fête de clôture,   Expo.02 est restée l’exposition de l’ouverture, de l’imagination et de la rencontre. Miroir d’une Suisse renouvelée, elle a viré les vieux clichés !

Mais, heureusement, que de vieux clichés…photographiques ont été conservés. Je veux citer ceux de Simon Glasson, la mémoire photographique de tout ce canton. Le photographe bullois a cadré dans son viseur et fixé sur papier l’histoire de toute cette région. A juste titre, un beau livre lui a été consacré. Citons encore ceux de Roger Morel qui lui a réalisé des prises de vues qui sont devenues de fameuses cartes postales. Ces fonds dont l’importance est capitale pour la mémoire collective ont été acquis par les Amis du Musée gruérien ; cet été, ils sont entrés au Musée gruérien. Justement, ce Musée gruérien, si cher à Saint Nicolas, qui a inauguré sa nouvelle bibliothèque. C’est «Musalire» qui a célébré durant trois jours, pluvieux, cette inauguration, fête placée sous le signe de la lecture et de la Belle Epoque. Une petite Schubertiade, des réminiscences des années 1900 ; «Musalire», la fête des superlatifs !

Evénement extraordinaire aussi que le 6ème Comptoir gruérien qui a attiré plus de

132’400 visiteurs avec un parcours digne du jeu de l’oie ! La grand-messe régionale a tenu ses promesses avec ses dix jours de fête où même les enfants ont pu s’adonner à des expériences enrichissantes dans le merveilleux stand «Phénoména». Ont-ils obtenus de bons résultats, de bonnes notes?

En parlant de notes, la rentrée des classes et le retour au pupitre s’est fait avec quelques surprises  puisque celles-ci ont été maintenues pour les «grandes classes». La réforme est gelée ! Saint Nicolas, patron des enfants, souhaite qu’ils soient respectés et considérés ; ils méritent une attention et une protection particulière. Tous doivent avoir les mêmes chances de réussites. J’admire cet enseignant fidèle, dévoué et compétent qui déclarait récemment dans votre Journal du Sud Fribourgeois avec conviction que, je cite : «L’évaluation est nécessaire. Mais je suis toujours opposé aux notes. La note est toujours injuste, toujours subjective. Elle a un côté irrémédiable (…). Personnellement, j’estime que l’on doit discuter avec les parents. Nous sommes des partenaires (…)». Voilà un magnifique Credo qui lui permet d’accomplir certainement de petits miracles.

Des petits prodiges, la Ville de Bulle, par son génial collaborateur Roger Blanc, en fait régulièrement avec la décoration du Giratoire Denner. Une grande première donc puisque me voilà chez vous aux commandes d’une locomotive…paradisiaque. Bravo et merci pour ce clin d’œil à Saint Nicolas.

Des miracles. En fait, ce sont ces miracles «en chaîne » qui  permettent à la compagnie théâtrale « Les Tréteaux de Chalamala »   de préparer la visite solennelle de Saint Nicolas et de sa Compagnie. Qu’ils soient ici tous sincèrement remerciés.

J’aurai le plaisir de vous retrouver ce soir à l’Hôtel de Ville, où vous pourrez participez au loto et assister à une saynète originale intitulée «Un petit garçon pas comme les autres», sur une idée et un texte de Nicolas Gremaud, mise en scène par Théo Savary. Par le privilège de la machine à remonter le temps, il est possible à quelqu’un de rencontrer son double. Ainsi le petit Nicolas rencontre son Saint Patron. C’est avec un plaisir toujours renouvelé que Saint Nicolas vient en Gruyère, à Bulle pour vous rencontrer et vous dispenser ses largesses, vous distribuer ces fameux biscômes au miel du Paradis et vous récompenser en musique, avec ces airs dont seuls les Flons-flons ont le secret.

Merci de votre fidélité. Merci encore de votre chaleureux accueil. Saint Nicolas vous serre contre son vieux cœur et vous dit à bientôt ! Un bon décembre, de bonnes fêtes, et à l’année prochaine.

Saint Nicolas vous bénit !

Saint Nicolas, Evêque de Myre

Par procuration : Jean-Bernard Tissot

Bulle, le 1er décembre 2002/ JBT