Shadow

Bulloises, Bullois, 

chers Gruériens et amis de partout, 

mes chers enfants, surtout,

 

Aujourd’hui et pour la 58ème année consécutive, Saint Nicolas est accueilli à Bulle avec sa cohorte céleste, grâce à la complicité des Tréteaux de Chalamala.

Vous aurez sans doute remarqué qu’aujourd’hui, toute personne à qui l’on donne la parole dans les médias commence chaque phrase par le mot : “Ecoutez !”, comme pour être sûr que personne ne perde une miette des pensées du grand sage ou de la grande prêtresse. Peut-être aussi parce nous sommes agressés de toutes parts, et que si l’on veut émerger de la masse il faut à tout prix s’en distinguer, en annonçant d’entrée que ce qui va suivre est exceptionnel. Saint Nicolas, qui est un peu démodé, ne vous dira pas ce soir : « Ecoutez ! » car il sait que déjà, vous lui faites l’amitié d’être à l’écoute, malgré ses antécédents de pannes de micro …

Passer en revue les événements marquants de l’année est un exercice périlleux, tant il est vrai que pour certains, l’oiseau sur la branche est aussi important que le chêne centenaire qui le porte.

Mais essayons !

Comme pour se secouer un peu, l’année débute avec une tempête, un mini-Lothar qui n’occasionne heureusement que des dégâts matériels. A Bulle, qui commence à friser les 12’000 habitants, on juge un voleur particulier, esthète et amoureux de belles œuvres d’art, qui ne volait pas par esprit de lucre, ce qui devient de plus en plus rare depuis l’époque de Robin des Bois.

Plus loin, au Rathvel, une chapelle est hors-la-loi pour n’avoir pas eu la bénédiction des écologistes protecteurs des grenouilles, alors que s’ouvre le chantier de la tant attendue route H189 à La Tour-de-Trême.

Il y a 200 ans, naissait le Corps de Musique de la Ville de Bulle. Ne faisant pas son âge, il a donc célébré son bicentenaire avec fastes, entre rêve et poésie, alors que plus modestes, les

Rencontres Théâtrales fêtent leur 10ème édition avec un programme de la meilleure cuvée.

Grosse frayeur, fumée, branle-bas et évacuation du CO de la Gruyère : un élève désoeuvré s’amusait à jouer avec le feu d’un briquet.

Personnalité attachante, et dernier héritier de la tradition musicale du chanoine Bovet, Oscar Moret nous quitte le Vendredi-Saint à plus de 90 ans, en nous laissant un grand nombre d’œuvres en héritage.

Le Salon des goûts et terroirs est revenu, attirant toujours plus de monde, avide de tradition et de vérité dans son assiette.

A cette époque, personne n’a encore conscience qu’une série de temps beau et chaud commence, et durera près de 3 mois : la canicule s’installe, l’armée de l’air doit subvenir à la grande soif de certains alpages pendant que se déroule la grande Coraule renouvelée entre Château-d’Oex et Gruyères.

Petits et grands événements, le peuple refuse d’un souffle l’ouverture tardive des échoppes qu’on appelle shops, comme les Américains, pour le repos du personnel et contre les gains du patron. On voit hélas que personne n’y a vraiment rien gagné !

Les vaches de la Gruyère en ont oublié de mâchouiller leur chewing-gum et n’en croyaient pas leurs yeux, lorsqu’elles ont vu le TGV traverser leurs verts pâturages et s’arrêter en gare de Bulle.

Bulle, capitale de la musique populaire suisse, a entendu des airs inhabituels envahir la ville, et se dérouler en un magnifique cortège. Peu de temps après, le vénérable tilleul de la place du même nom est sacrifié sur l’autel de la sécurité, laissant ainsi la place froide et dénudée pour quelque temps encore.

Cette année, les élections au Conseil national ont vu des Gruériens s’illustrer :

avec Jean-Paul l’ancien qui conserve son siège, émergent les nouveaux que sont Christian Levrat et Jean-François Rime, sans oublier notre Géraldine Savary, gruérienne pure laine qui s’illustre chez les vaudois. Ils ont toute et tous droit aux félicitations de Saint Nicolas, tant il est vrai que la fonction de parlementaire n’est pas de tout repos et demande une bonne dose de courage et de pugnacité. Il se trouve, est-ce un hasard, que la période du début décembre coïncide avec les grandes élections. Cette année spécialement, on s’attend dans 3 jours à un véritable séisme, un coup de sac électoral qui pourrait demeurer historique. L’agitation dans le loft fédéral devient un vrai spectacle, que Saint Nicolas, par essence apolitique, observe derrière sa barbe d’un œil de plus en plus amusé …

Citons enfin l’écrivain Bernard Clavel, qui a fêté récemment son 80ème anniversaire. Fort de sa vaste expérience, il dit : “L’homme n’apprend rien, sinon la violence”, mais il ajoute aussitôt : “Mais je n’en suis pas désespéré pour autant, et m’efforce de n’être pas désespérant dans mes livres”. Belle leçon de réalisme et de philosophie, essayons comme lui, envers et contre tout, de garder l’espoir.

Pour terminer, cette année, Saint Nicolas va innover : il est aussi capable, le saviez-vous, de dire l’avenir. Oh, un avenir tout proche ! Il peut vous prédire par exemple que ce soir, à l’Hôtel de Ville, aura lieu le loto et la saynète originale intitulée “Alarme en Paradis”, avec sa traditionnelle distribution de biscômes au miel du Paradis, et que dans quelques secondes va s’égrener le carillon de notre ami Franck Aellen, qui, à sa manière fête la venue de l’évêque de Myre.

Bullois, bulloises, gens de partout, Saint Nicolas vous souhaite d’excellentes fêtes de Noël et de Nouvel-An, vous serre sur son vieux cœur et vous bénit !

7 décembre 2003