Bulloises, Bullois, chers Gruériens et amis de partout, mes chers enfants,

Aujourd’hui pour la 53ème fois, Saint Nicolas est accueilli à Bulle avec sa cohorte grâce à la complicité des Tréteaux de Chalamala. C’est dire qu’il revient à chaque décembre avec le coeur plein de joie, à l’idée de retrouver ceux qui l’attendent avec l’impatience de la jeunesse, sans oublier les aînés qui, en cette occasion, retrouvent un peu leur âme d’enfant.

Si l’on jette un bref regard en arrière, la constance de la joie est hélas toujours accompagnée d’une certaine tristesse. Voir les guerres, les violences et leurs cortèges de famines surgir dans tous les coins du monde, personne ne peut et ne doit s’y habituer. L’homme n’a-t-il rien appris, au cours des siècles ? Les calamités et catastrophes naturelles qui sèment la désolation sont déjà bien assez nombreuses ! Et c’est d’autant plus dramatique lorsque sont touchés les plus faibles, les enfants. Aussi leur patron, Saint Nicolas a-t-il ce soir, avec vous, une pensée pour les gens et les pays qui souffrent.

Mais la vie doit continuer, Bulle se développe, et c’est réjouissant ! Il doit y faire bon vivre, puisque sa population a connu la plus forte augmentation de Suisse, atteignant presque 11’000 âmes. Ses heureux habitants ont vu inaugurer une toute nouvelle patinoire, fleuron de l’Espace Gruyère, une Ecole Professionnelle à la face noire comme celle de Père Fouettard, mais blanche comme une robe d’ange à l’intérieur. Conséquence de cette expansion démographique, d’autres écoles, primaire et secondaire, sont en projet.

La culture n’a pas été en reste : les Francomanias, la Saison théâtrale et musicale ont déroulé leurs fastes, et le Musée a fêté ses 3/4 de siècle en remontant au temps médiéval.

Un spectacle vivant où les bruits, les odeurs et les costumes se sont mêlés, pour donner au château et à ses alentours une atmosphère fleurant bon le Moyen-âge.

Bulle s’est éclaté dans la rue avec ses sociétés et s’est donné un nouveau directeur pour son réputé Choeur-mixte. Réputé également, notre dynamique Corps de musique est invité à embellir la Fête des Vignerons, et Saint Nicolas en a profité pour y déléguer, pour une fois sous un autre costume, quelques-uns de ses fidèles Flonflons. Emule de Jean l’armailli, et par une décision clairvoyante, le Conseil général a voulu reconstruire, plus beau qu’avant, le chalet incendié de la Grande Citard aux confins de la vallée de la Trême.

Le Gruérien est un sportif : il s’est essayé tour à tour à l’athlétisme avec le semi-marathon, à la course cycliste avec Pascal Richard, et expérimente maintenant un nouveau sport voisin du slalom, consistant à traverser la ville de Bulle en automobile en passant par le centre.

Car Saint Nicolas a bien failli ne plus reconnaître sa bonne ville, qui s’est teintée de goudronnage rouge. Comme champignons après la pluie d’automne ont poussé des bornes de pierre, des giratoires, des petits, des grands, un concurrent du jet d’eau de Genève et même un giratoire européen bleu à étoiles dorées.

La circulation et le parcage ont trouvé de nouveaux chemins par l’imagination fertile des urbanistes, à tel point que notre Père Fouettard chauffeur a dû en catastrophe, équiper sa jeep paradisiaque d’un système de guidage par satellite.

Car, comme dirait notre brave Père Eusèbe, conscience observatrice des Bullois, pourquoi à Bulle, le plus court chemin d’un point à un autre n’est-il pas la ligne droite ?

Mais, péripéties que tout cela ! Saint Nicolas a encore une confidence à vous faire. Mais n’allez surtout pas le répéter aux petits enfants ! Après trente ans de bons et loyaux services, notre ami Raymond a passé sa crosse pontificale à des forces plus jeunes pour représenter l’Evêque de Myre.

Reconnaissance du vrai Saint Nicolas qui là-haut, doit sourire dans sa barbe ! Grâce à Raymond, secondé par une équipe fidèle, des milliers de petits enfants ont été visités et récompensés, et il est bien possible qu’une partie d’entre vous qui m’écoutez ait “bien tourné” pour avoir prêté une oreille attentive à ses conseils pleins de sagesse.

Enfin, pour terminer, Saint Nicolas vous livre un vrai scoop : son âne Basile a disparu. Rassurez-vous, ce n’est que temporaire, et pour la bonne cause ! Par la magie du théâtre, et sous la houlette souriante de Josiane Oberson, vous pourrez le voir réapparaître ce soir, sur la scène de l’Hôtel de Ville. Par la même occasion, un véritable biscôme au miel venu tout droit du Paradis vous sera remis, remède souverain contre les rigueurs de l’hiver.

Merci à vous tous, qui année après année, réservez à Saint Nicolas et sa Compagnie le même chaleureux accueil !

Il vous donne rendez-vous à l’an prochain, vous serre sur son vieux coeur et vous bénit !

Shadow